Après le virevoltant Art de la Comédie, Julien Schmutz devait revenir la saison passée avec cette nouvelle comédie de Martin Crimp, qui traite de la récupération des émotions intimes dans les médias. Bâtie comme un polar, cette réflexion foudroyante et spectaculaire trouve enfin sa place dans le calendrier de la programmation 21/22.

New York, années 1990. Anne répond à une annonce de producteurs de cinéma à la recherche d’un sujet «authentique» et croustillant pour leur prochain film. Elle dit avoir été séquestrée pendant des années, attachée et bâillonnée par son mari. Anne a-t-elle été violée ? Battue ? Sans scrupule, les producteurs vont réécrire sa vie avec tous les ingrédients nécessaires pour que les cases du succès au box-office soient cochées. Progressivement, perdue au milieu de l’agitation insensée de la ville et de la frénésie d’une époque vendue au spectacle, Anne a l’impression troublante de devenir à son tour un personnage…

Considéré comme l’une des figures marquantes du théâtre post dramatique en Angleterre, Martin Crimp est passé maître dans la création de comédies sur nos sociétés urbaines et contemporaines qui cachent, sous leurs dehors de prospérité et de performance, de sinistres réalités. Pour cette pièce de 1993 qui n’a encore jamais été portée à la scène en Suisse romande, Julien Schmutz entend s’inspirer du « traitement » (cette étape qui désigne la transformation d’un synopsis en scénario) en jouant avec les codes du cinéma, de l’image et de la mise en abyme qui lui sont chers. L’occasion pour lui de travailler pour la première fois avec la vidéo en direct et d’imaginer une distribution aussi cosmopolite que celle de la Big Apple en faisant appel à de talentueux comédiens de la scène romande aux origines variées.