Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas d’acteur(s) qu’il n’y a rien à voir. Si François et Victor partagent un goût sérieux pour le décalage et la poésie à peu de frais, ils ne lésinent surtout pas sur les possibilités d’agiter l’esprit du public. Hallucinations ? Simulation ? Vous empruntez vous-mêmes le chemin qui mène quelque part. Et ce quelque part est totalement génial.
Sur scène, pour les figurer, deux haut-parleurs, face au public. En assistant à cette pièce de théâtre « lipocrite » (du grec leipô [lipo-], « faire défaut, abandonner » et du grec hupokritếs, « acteur, comédien ») – c’est-à-dire privée de son principal protagoniste – nous constatons combien sentir son imagination stimulée est euphorisant.
C’est un rappel aussi qu’une décroissance de moyens n’engendre pas nécessairement une décroissance ni du plaisir, ni de la pensée. Ce spectacle se veut avant tout une célébration joyeuse du champs infini de possibles que peut révéler le théâtre, cet art d’autant plus précieux qu’on le dit vivant.